Mauvais signe pour la COP 21 : l'UE laisse 110 % de tolérance à la pollution automobile par oxyde d'azote

 

...signe de l'orientation réelle des gouvernements :

Malgré le scandale Volkswagen (qui en dit long sur certaines réalités de l'industrie automobile), l'UE a adopté hier des procédures laxistes en matière de tests des émissions polluantes. Pour être homologué, un véhicule diesel devra certes passer des tests en laboratoire et sur route. Mais les industriels ont obtenu – avec l'aide de plusieurs Etats – que la Commission leur cède sur l'essentiel... Les nouveaux modèles de véhicules bénéficieront, à partir de 2017, d'une marge de tolérance pour les émissions d'oxyde d'azote (NOx) de 110 % : deux fois plus que le seuil de 80mg/km fixé actuellement par la législation européenne.

Cette reculade a été décidée, non pas en réunion des ministres européens de l'environnement (comme elle aurait dû l'être), mais par une instance à huis clos encore plus exposée au lobby automobile : le TCMV, Technical Committee on Motor Vehicles.

Cette opération indigne les associations de protection de l'environnement : "Les citoyens vont se demander pourquoi leurs gouvernements préfèrent aider les constructeurs automobiles qui trichent lors des tests plutôt que de leur fournir un air propre à respirer", constate l'ONG Transport & Environment. Elle précise : « Les gouvernements européens se sont mis d’accord sur des émissions de NOx pour les véhicules diesel qui seront doubles des plafonds autorisés par une législation européenne datant de 2007 [les "80 mg/km"] ».

Tempête aussi chez des eurodéputés : selon la britannique Catherine Bearder, "c'est un honteux coup monté qui une fois de plus place les intérêts des constructeurs automobiles devant la santé des gens". Selon la Française Karima Delli, "les Etats-membres complotent dans le dos des citoyens pour autoriser les dépassements des plafonds autorisés". (Cela au nom des "emplois industriels à préserver", évidemment).

L'eurodéputé français Yannick Jadot ajoute : "La décision prise par les gouvernements européens, sous la pression de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, est scandaleuse et d’un cynisme sans nom. Non seulement ils ont décidé de faire fi du scandale Volkswagen, mais en plus ils ont décidé d’ignorer les problèmes de santé publique liés à la pollution de l’air et les quelques 100 000 décès prématurés causés par le diesel en Europe." 

A quelques semaines de la conférence climat de Paris, et après son (consternant) document préparatoire élaboré à Bonn la semaine dernière*, ce recul de l'UE devant le lobby automobile – via les gouvernements – montre ce que valent les postures officielles en faveur de l'action climatique.

Le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, et même l'Allemagne (malgré le scandale VW), ont fait partie des Etats pro-110 %. La République tchèque a jugé que 110 % n'était pas encore assez : elle a voté contre le texte, au nom "des intérêts de nos industries". La France a pris part au chorus pro-industriels  : attitude révélatrice, de la part du "pays organisateur de la COP 21".

 

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* Document de 55 pages (confuses) qui évite de parler du problème de l'énergie !